• Mario: Mon problème avec le photoréalisme

    Aaaahh, la légende du p'tit Mario. Ça commence doucement, mais… ÇA FINIT MAL.

    Bon, fini de citer Dempsey. J'aimerais savoir dans quelle putain de timeline je suis. Je suis dans une bonne ligne temporelle, ou une mauvaise ligne temporelle ? Est-ce que je suis dans une dimension parallèle acceptable ou est-ce que je vais mourir ?

    Sans déconner, quand Crystal en a parlé hier, j'ai cru que c'était un nouveau jeu. My bad, j'ai dû mal lire. Puis une pote m'a envoyé le trailer ce matin. J'ai fais : « WHAT THE ACTUAL FUCK ». Et je pense que la plupart d'entre vous sait très bien de quoi je parle.

    Accrochez-vous à votre slibard, on va parler de jeux vidéos, d'adaptations, de cinéma, de technique d'animation ET ÇA VA RAGER UN MAX.


    Maintenant que vous avez vu la bande-annonce, sachez que les premières secondes m'ont suffit à me foutre LA RAGE INTENSE. Et puis je l'ai fini, et j'ai trois points importants à énoncer, qui représentent bien le genre du cinéma d'adaptation aujourd'hui ET QUI ME LES BRISES INTENSÉMENT.

    On va les classer par ordre d'importance :

    – La voix de Mario

    Un détail, me direz-vous peut-être. À quoi je vous répondrais, sans même être un fan de Mario vu que j'ai abandonné Nintendo depuis un bail,

    UN DÉTAIL ?!

    ON PARLE D'UN DES PERSONNAGE LES PLUS EMBLÉMATIQUE SI CE N'EST LE PLUS EMBLÉMATIQUE DU JEU VIDÉO, ET VOUS PARLEZ D'UN DÉTAIL ? ET QU'EST-CE QUE VOUS EN FAITES, DE ÇA ?!

    Les producteurs: Ouais mais on trouvais ça trop ridicule… On l'aurais pas pris au sérieux, dans le film…

    RIDICULE ? OK. PEUT-ÊTRE. MAIS C'EST SA VOIX.

    Certes, la voix de Mario a beaucoup changé à travers les jeux, les dessins animés et j'en passe, mais sa plus emblématique est celle qui est restée reste celle qu'il eut dans Mario 64, aka le premier jeu où Mario fut en 3D.

    Et oui, j'ai vu le trailer en VO. C'est encore pire. La VF a fait plus d'efforts que la version originale, bordel de merde, putain. Con. Chier. Censurez-moi, je perds mon sang froid.

    Mais encore ça, ça va avec le dernier point. Ce soit disant réalisme. Mais ça, on en parlera plus tard.

    Mais pour continuer sur les voix, le cinéma américain a, contrairement à nous les français, cette fâcheuse tendance à vouloir choisir des acteurs connus pour les voix des personnages, car contrairement en France, ce sont les acteurs qui portent la commercialisation du film, ils sont en tête d'affiche. Donc évidemment, Chris Pratt, Jack Black… le choix du casting n'est pas surprenant. Il n'y a qu'avec Charlie Day dont je suis plutôt favorable, car cet acteur SAIT comment bien doubler. Chris Pratt le sait également, mais il n'a pas cette voix cartoonesque de Charlie Day a. C'est pour ça d'ailleurs que le doublage français est parfois mieux que la VO, parce qu'en France, c'est un métier à part entière. C'est toute une science pointue, le doublage. Ce n'est pas aussi simple et ça ne se joue pas comme si tu étais directement filmé. Les émotions et tout ce qui va avec ne peut passer que par TA VOIX.

    On a souvent tendance à mépriser les VF, mais pour être un spectateur des deux, c'est-à-dire des VF et des VO, cette haine n'est pas méritée. Certaines VF sont nazes, oui. Mais certaines VF dépassent largement la version originale, beaucoup plus riche en jeux de mots ou en émotions. Vous voulez une preuve ? Allez regarder Shrek, tiens. Voire même des westerns. Ou jouez à des jeux vidéos. Certains comédiens de doublages arrivent à changer totalement la vision que vous avez d'un personnage rien qu'avec SON interprétation. Mais je m'égare.

    – "Où est-ce que je suis tombé ?"

    Si vous avez vu la bande-annonce, vous savez très bien de quelle réplique je parle.

    OÙ. JE. SUIS. TOMBÉ ?! C'EST VRAIMENT CE QUE TU TE DEMANDE ?!

    TU ES TOMBÉ DANS LE MONDE QUE TU PARCOURS DEPUIS PLUS DE 35 ANS.

    Mais, BIEN ÉVIDEMMEEEEEEEEEEEEEEEEENNNNNNNNNNNNNNNNNNNNT, CES CONNARDS DE RÉALS SE SENTENT FORCÉS DE FAIRE UN PUTAIN DE PREQUEL OÙ MARIO RENCONTRERA POUR LA PREMIÈRE FOIS PEACH, BOWSER ET TOUT LE BORDEL. Qui a demandé ça ? OH, PERSONNE !

    Mais y'a même pas à se poser la question de pourquoi ils veulent faire ça, d'ailleurs !

    « Ouaaaiiiss c'est pour que les spectateurs qui connaissent pas Mario découvrent le monde en même temps que lui »

    QUI NE CONNAÎT PAS MARIO ? MON PÈRE, IL A 62 ANS, IL A JOUÉ QU'À MARIO KART DANS SA VIE, C'EST MÊME PAS UN GAMER, IL CONNAÎT MARIO ! IL CONNAÎT LE PERSONNAGE, LE ROYAUME CHAMPIGNON, LA PRINCESSE PEACH, ET MÊME BOWSER ET LUIGI PUTAIN. TOUT LE MONDE CONNAÎT MARIO. Y'A PAS BESOIN D'EXPLIQUER. Et comme mon très cher papa a très bien répondu ;

    « Les gens qui verront le film sauront dans tous les cas, vu que c'est les fans/ceux qui connaissent qui vont aller le voir. »

    EH OUI. DONC PAS BESOIN D'EXPLICATIONS. ILS ONT PAS COMPRIS QUE ÇA NOUS FAIT CHIER, LES PREQUELS ?! PUTAIN, SORTEZ-NOUS UNE NOUVELLE HISTOIRE ! QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU ! UNE NOUVELLE AVENTURE DANS UN MONDE QU'IL, ET QUE NOUS CONNAISSONS DEPUIS 30 ANS.

    Et puis même.

    Nous n'avons pas besoin d'un personnage pour découvrir un univers en même temps que lui. La preuve, Le Seigneur des Anneaux.

    Anonyme: OBJECTION ! Les hobbits découvrent la Terre du Milieu, ce qui permet au spectateur de découvrir le monde de la fiction en même temps qu'eux vu qu'ils sortent jamais de leur bled.

    Oui, mais non. Parce que dans l'histoire, la communauté de l'anneau finit par se séparer, avec Aragorn, Legolas et Gimli qui ne sont laissés qu'en trio. Et tous les trois connaissent très bien l'univers dans lequel ils sont, et nous ne pouvons donc pas le découvrir en même temps qu'eux, vu qu'eux connaissent mieux que nous. Mais ce n'est pas gênantÇa ne nous empêche en aucun cas de comprendre ce qu'il se passe, de comprendre le scénario et l'univers. Parce que c'est bien réalisé/écrit. Voilà tout.

    Vous voulez une autre preuve ?

    Ratchet et Clank et Arcane. Et Ratchet et Clank, même si le film est naze, il va revenir souvent dans cet article. Arcane, je ne connaissais quasiment rien de l'univers de League of Legends. Je ne connaissais que les personnages et les chansons. Sérieux, il n'y avait qu'un seul personnage dont je connaissais la backstory. (Annie). Dans Arcane, les personnages savent très bien dans quel univers ils sont. Ça ne nous empêche pas de comprendre. Ratchet et Clank aussi. Il suffit de bien gérer le scénario, c'est tout. Après, cela peut être compliqué, ça je peux le concevoir, exemple avec le film Warcraft : Si tu n'y a pas joué, tu ne comprendras rien au film. Mais c'est ça le cinéma : Savoir bien écrire son scénario et bien réaliser son film.

    – Le photoréalisme

    Et on arrive enfin au point le plus important que je veux énoncer dans cet article. Attention, je vais citer beaucoup de personnes pour "illustrer" mon avis. Parce qu'ils l'énoncent beaucoup mieux que moi. Et on va citer BEAUCOUP de films ici aussi.

    Pourquoi les premières secondes du trailer m'ont mit en rogne ? Le vent. La brume. Le feu. La vapeur. Les particules volcaniques. La roche. La cendre. La neige qui tombe. La glace. Etc, etc. Oui, c'est beau. Oui, c'est très bien fait. ET C'EST EXACTEMENT CE QUI ME FOUT EN ROGNE. PUTAIN DE MERDE LES GENS.

    Les écailles sur Bowser ? (et encore c'est le moins pire), Le duvet sur le pingouins ? Les effets de lumières ? La texture sur les champignons ? La texture et les plis sur la salopette et t-shirt de Mario ? Les poils de ses sourcils, ses cheveux et sa moustache ? POURQUOI ?!

    Pourquoi vous avez CE BESOIN de rendre TOUT hyper réaliste ?

    Vous croyez qu'on y croira moins ? Qu'un personnage moins réaliste sera moins appréciable ? Qu'on ne croira pas à ses sentiments ? Qu'il sera moins bien incrusté dans le film, d'autant plus s'il est avec des humains vraiment "réels" ? Que ça fera trop enfantin ?

    Je ne suis pas d'accord.

    Roger Rabbit est un film sorti en 1988 et racontant l'histoire d'un détective dans les années 40 qui doit enquêter sur un meurtre, dans un monde où les personnages de cartoons existent, et sont en réalité des acteurs pour la plupart.

    Grosse allégorie évidente des afro-américains dans l'industrie du cinéma à cette époque-là, je pense que c'est l'un de mes films préféré de tous les temps, et la suite illustrera bien mon propos.

     

    « Il présente un monde où les êtres humains et les Toons coexistent dans la même réalité. Par quel procédé les Toons prennent vie ? Aucune importance. Pas besoin de justification, c'est des dessins vivants, ils existent, et c'est tout. L'histoire et les émotions sont plus importantes que ces détails. [...] il n'y a pas de compromission ou d'assimilation forcée, le Toon peut être lui-même, agir comme un Toon, appliqué pour le monde humain sa logique de Toon. [...] Et tout ça reste crédible et acceptable. Il n'y a pas besoin de faire un Roger Rabbit pseudo-réaliste en synthèse moche pour faire croire qu'il existe à côté d'Eddie Valliant. [...] Mais le monde dans lequel on vit cherche à continuer cette ségrégation entre l'homme et le Toon. »

    « L'animation représente pour moi un des plus grand aboutissement de l'expression de l'imagination humaine. Quand capturer des images de la nature ne suffit pas, dessiner ce que notre cerveau est capable de concevoir et lui donner vie par le mouvement, aussi abstrait et abracadabrante est cette vision, c'est tout simplement de la pure magie. C'est l'esprit humain qui par un travail acharné se libère des chaînes du réel pour créer l'impossible sans se soucier de la crédibilité ou la vraisemblance. »

    « Toute ma haine vient de là. La croyance fondamentale des décideurs que l'animation a intrinsèquement moins de valeur, de crédibilité, de mérite artistique et d'intérêt que le cinéma d'acteur. »

    — Ermite Moderne

    Quand je regarde Roger Rabbit ou Space Jam, j'y crois que Roger est là, j'y crois que Bugs Bunny est là, que Jessica est là, qu'ils interagissent avec les humains. Je ne vois pas un dessin mal incrusté, je vois un réel personnage avec des sentiments et une histoire. C'est ce qui s'appelle la suspension consentie de l'incrédulité.

    Il y a une telle méprise envers le cinéma d'animation, vous ne savez même pas à quel point. C'est pour enfants, ce n'est pas sérieux, ce n'est pas crédible, c'est bas-de-gamme, ça ne sera jamais du vrai cinéma. C'est pour bien pour ça qu'ils ont essayer de rendre tout l'aspect du film plus réaliste. Pour que ça ait l'air moins enfantin, plus "pro". Exactement comme le remake du Roi Lion. Mais ils n'ont pas besoin de faire ça. Ratchet et Clank, même si le film est naze, visuellement, il était au top ! Il reprenait le style graphique des jeux vidéos, et c'est comme si l'ont regardait une cinématique d'une heure et demi. Et on y crois. C'est de la merde, mais on y crois. Ça aurait pu être la même avec Sonic ! Pas besoin de lui mettre des piques ou des poils pour qu'il s'incruste mieux, bordel ! Roger et Bugs sont des putain de dessins vivants et on y crois !

    Pourquoi vouloir rendre un univers comme Mario réaliste ? En plus vous utilisez que de la 3D, y'aura pas d'humains, vous êtes littéralement dans un bac à sable d'imagination et de créativité ! Les nouveaux jeux Mario l'ont très bien compris, ça ! Votre qualité graphique et vos personnages ne sont pas obligés d'être réalistes pour qu'on s'attache ou qu'on crois à l'univers.

    Dans LEGO Movie 2, j'y crois à la rage d'Emmet, ce personnage Lego, qui ne reconnais plus la fille qu'il aime et qui se sent trahit. Dans LEGO Batman, j'y crois à la frustration du Joker, encore une fois des Lego, quand Batman lui dit qu'il n'a absolument aucun sentiment à son égard. Dans Borderlands, j'y crois à la détresse de Claptrap, un petit robot abruti finit. Dans le court-métrage avec Donald, un canard, qui se retrouve au 3e Reich, j'y crois à sa panique et sa détresse. Dans Les Contes de la Princesse Kaguya, je partage la souffrance de la fille et de ses parents adoptifs, alors qu'ils ne sont que des personnages en calligraphie japonaise. Quand Woody, un jouet, regarde Andy adolescent partir en voiture pour ne plus jamais le revoir, je crois en sa nostalgie et la douleur de cette perte. Quand Simba, un jeune lion, vient pleurer devant le corps de son défunt père, je crois en sa tristesse et sa culpabilité. Quand je lis Les Misérables, je crois en les sentiments et le bien-vouloir de Jean Valjean, qui n'est littéralement que du texte sur une page blanche.

    De la même façon où je crois à ce qui arrive dans les cinématiques des nouveaux jeux Mario. Odyssey, avec les Lapins Crétins, ou celles de Mario 64, avec des polygones moches. Je sens sa satisfaction lorsque Peach lui donne un baiser sur le front.

    Ce que je craint avec ce film, c'est que cette volonté de vouloir faire tout le plus réaliste possible empêche leur créativité de s'exprimer, et de nous faire rêver. Un monde pareil et une morphologie de personnage pareille ça ne peut pas exister, et ça n'existera jamais. Il n'y a donc aucun intérêt à vouloir les rendre réalistes. Ça ne rendra pas votre film plus beau ou crédible, ça le rendra moins créatif et rêveur.

    Et je finirais cet article sur une réplique très juste de Linksthesun sur le remake du Roi Lion.

    « Parfois, deux style de films on des codes qui rentrent en conflit. Le documentaire animalier est encré dans le réel, le conte est encré dans l'imaginaire. C'est pour ça que les dessins animés fonctionnent si bien : ils sont le support idéal pour porter l'imagination, exactement comme les contes, ils ne sont pas limités par les règles limités de la réalité. Tous les animaux de la savane viennent fêter la naissance du prince, de la même façon que le chasseur vienne récupérer le petit chaperon rouge dans le ventre du loup à la fin du conte. »

     

    Et bien le jeu vidéo, c'est le même délire.

    Vous croyez que le design de Mario et Bowser fait "toc" à nos yeux ?

    Et bien pas pour nous, les gamers.


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